Interview de Laurent Petit, Group Credit & Cash Collection Manager chez Criteo

    • Pouvez-vous nous dire ce qui vous a conduit vers ce métier ? Quel est votre parcours ?

    Laurent Petit : Hasard ou coïncidences, that is the question ! Je dirais plutôt les événements de la vie (personnels et professionnels). Comme beaucoup, je suis tombé dedans un peu par hasard et j’y suis resté par choix.

    Après des études plutôt orientées Finance, Commerce et International, je suis parti à l’étranger (en Irlande) et le travail qui m’a intéressé et que j’ai trouvé (en dehors des centres d’appels, légions à cette époque) a été en tant que Chargé de Recouvrement sur le marché scandinave dans une grande entreprise leader du secteur informatique (qui faisait rêver pas mal de jeunes comme moi à l’époque !). A cette époque (début des années 2000), je n’avais jamais entendu parler de ce travail en France alors que c’était déjà très développé et reconnu dans les pays anglo-saxons.

    Je suis passé ensuite assez rapidement Team Leader puis Regional Manager pour les marchés France, Benelux, Moyen-Orient et Afrique.

    Puis de retour en France, j’ai été embauché en tant que Credit Manager pour une filiale française d’une société américaine.

    J’ai ensuite exercé les fonctions de Credit Manager/Directeur du Recouvrement au sein de 2 autres sociétés avec des rôles plus ou moins différents sur des périmètres France et International avec la partie Recouvrement et la partie Facturation, ADV, Service Clientèle, … en fonction des postes.

    Il s’agissait presque à chaque fois de création de service/poste, preuve de la relative nouveauté et de l’intérêt pour ce poste en France.

    Je suis actuellement Credit & Cash Collection groupe avec un périmètre Monde (plus de 100 pays).

    • Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans une carrière dans le Credit Management ?

    Je lui dirais d’être curieux. S’il hésite entre une carrière Finance ou Commercial, alors le Credit Management est un bon choix pour lui ! Il faut s’intéresser au fonctionnement global d’une société, comprendre pourquoi le cash est primordial dans toute entreprise et aussi comprendre les enjeux commerciaux. En fonction de la dimension du poste (international ou pas par exemple), il faut également s’intéresser à l’économie, l’environnement géopolitique et aux risques des pays concernés.

    Il faut aimer le contact humain, les négociations, apprendre à prendre du recul sur les choses.

    Ensuite comme pour tout métier, l’important est d’apprécier ce que l’on fait et de trouver les bons côtés du métier pour se le rendre intéressant et se donner envie de progresser ! Peu importe le métier, quelqu’un qui aime et respecte ce qu’il fait aura toujours beaucoup plus de chances de réussir, d’être heureux et de progresser qu’une autre personne.

    • Quelles sont, selon vous, les qualités d’un bon Credit Manager ?

    Etre fin stratège (dans le sens le plus noble du terme !) et bon communiquant. Il faut savoir adapter son discours que l’on parle au Directeur Financier ou au Directeur Commercial. Il faut être capable de sensibiliser les gens et les différentes équipes avec des messages concrets et parlants. Il faut aimer et être capable (pas toujours le cas) de jongler entre différents types de  personnalités (sans faire de cliché, il est vrai que les personnalités des équipes commerciales et des équipes financières sont souvent très différentes et c’est normal). De même, on oublie souvent que les équipes des Credit Manager (et le Credit Manager lui-même) sont parmi les seules équipes (en dehors des équipes commerciales d’une façon générale) à être en contact direct avec les Clients. Ils sont (nous sommes) donc aussi l’image de notre entreprise. L’adaptabilité est donc une qualité importante.

    Il faut aussi être doté d’une grande capacité d’analyse des situations afin de corriger le tir ci-besoin et proposer en permanence des solutions. Le Credit Manager doit être un apporteur de solutions (avec l’énorme avantage d’être proche du terrain) et non un frein au business. Cela passe par des qualités de négociation et conviction (en interne et en externe) et une « fermeté commerciale ».

    En clair, je pense qu’il faut avoir un petit côté « tordu » en jonglant entre les impératifs de la Finance et des Clients/équipes commerciales. Il faut accepter de potentiellement se sentir à la fois intégré et rejeté par les équipes Finance et Commerciale ! C’est aussi le côté fun du métier.

    • Pouvez-vous nous décrire votre organisation ? (Comment fonctionne votre service, à qui êtes-vous rattaché, combien de personnes travaillent avec vous, quel est votre périmètre d’intervention,…)

    Criteo est une société en très forte croissance (en volume, en montant, en géographies, …). De ce fait, mon organisation doit également évoluer au fil du temps et être adaptable rapidement. Dans une telle situation, l’élément clé est l’anticipation (prévoir son organisation dans les 6-12 mois à venir).

    Je suis le Credit & Cash Collection Manager du groupe. Mon périmètre de responsabilité est donc global (à ce jour (Q2 2015), plus de 100 pays). Je suis rattaché à la Direction Financière (à la Finance Operations Director elle-même rattachée au CFO du groupe).

    Nous avons pour le moment une approche de la partie Credit Management très centralisée à Paris avec cependant quelques exceptions sur certains marchés avec une présence locale.

    Actuellement, nous sommes une équipe d’une quinzaine de personnes (de 7 nationalités différentes) au sein de mon service à Paris avec en plus des personnes (pas rattachées hiérarchiquement à moi, seulement d’un point de vue opérationnel) dans certains pays tels que le Brésil, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, …), principalement dû à des spécificités sur ces marchés (soit de langues soit de nature plus administratives).

    J’ai 2 Team Leader, chacun responsable d’une zone géographique (EMEA et Americas/APAC) et responsables des Chargés Recouvrement sur ces régions.

    Les principales tâches se situent autour de la partie gestion du risque (en amont et en aval de la facturation) et sur le suivi financier de la relation clients (recouvrement, reporting, blocage/déblocage du service, …).

    La répartition au niveau des Chargés Recouvrement se fait également par zone géographique, d’où des besoins importants au niveau des langues parlées notamment.

    • Au cours des dernières années, pouvez-vous nous donner votre ressenti sur l’évolution de cette fonction ?

    Compte-tenu de mon parcours et mon expérience personnelle, je pense être un bon exemple du fait que cette fonction se développe et se démocratise en France (fonction déjà très connue et reconnue dans les pays anglo-saxons par exemple). J’ai en effet eu la chance de créer et/ou installer la fonction de Credit Manager ou Directeur dans plusieurs entreprises en France.

    Je pense en revanche que malgré un titre similaire de Credit Manager, la fonction peut énormément varier d’une entreprise à une autre (notamment suite à des discussions avec des confrères ou tout simplement en regardant les différentes annonces d’emploi). Certains postes incluent une grosse partie management, d’autres pas du tout, certains sont focalisés sur une partie plus commerciale, d’autres plus financière ou plus d’analyse. De même le périmètre d’intervention peut être très différent (international ou pas, purement recouvrement ou plus large). Le contenu est donc très important pour un même titre.

    Je pense que cela montre que le métier n’est pas encore complètement démocratisé et est en constante évolution en France.

    Je pense aussi qu’une association telle que l’AFDCC aide beaucoup à la promotion et la démocratisation de cette fonction.

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