AU Group et EY se sont unis pour réaliser cette étude, fondée sur les données produites par Euler Hermes sur les défaillances d’entreprises en 2021. La vision des experts financiers et acteurs de l’écosystème des entreprises en difficulté, apporte un éclairage clef sur les perspectives de 2022 dans un contexte très instable.
Editorial (mars 2022)
En 2021, le nombre de défaillances a continué à décroître en France, en baisse de 45 % par rapport à 2019, pour atteindre près de 28 000 procédures collectives, soit le plus bas niveau enregistré depuis 1986. Pour autant, on observe depuis décembre 2021 et dans les premiers mois de 2022 une inflexion avec une augmentation des dossiers en prévention et conciliation. Doit-on y voir le signe d’une « normalisation » du nombre de défaillances dans un contexte de réduction du soutien de l’État ?
Pendant la crise, beaucoup d’entreprises sont parvenues à réduire leurs coûts et améliorer leur trésorerie, en grande partie grâce aux mesures prises par le gouvernement. Mais avec la prolongation de la crise, et l’évolution du contexte macro-économique, un climat d’incertitude s’est peu à peu installé : l’augmentation du coût des matières premières, de l’énergie et des salaires, et désormais le conflit en Ukraine font peser des incertitudes sur la capacité du système économique mondial à absorber à la fois l’inflation, les tensions géopolitiques et les sanctions économiques actuelles.
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« L’augmentation du coût des matières premières, de l’énergie et des salaires, et désormais le conflit en Ukraine font peser des incertitudes sur la capacité du système économique mondial à absorber à la fois l’inflation, les tensions géopolitiques et les sanctions économiques actuelles. »
– Baudouin de THORÉ, CEO AU Group
Que retenir de 2021 ? À l’exception de quelques défaillances emblématiques (Office Dépôt [CA : €345M], Flunch [€193M], Appart City [€110M]), la plupart des dispositifs de soutien ont été maintenus et leur efficacité a perduré. Aussi les défaillances ont-elles continué à décroître ainsi que le nombre d’emplois menacés qui sont passés sous le seuil des 100 000 (vs. 174 000 en 2019).
Et en 2022 ? Les experts interrogés dans cette étude s’accordent à dire que le niveau actuel des défaillances ne peut pas refléter le fonctionnement normal d’une économie en sortie de crise (suite à Covid 19) et qu’une hausse des défaillances est à prévoir cette année dans un contexte d’amortissement des PGE et des tensions géopolitiques actuelles.
Nos interlocuteurs partagent également leurs réflexions sur le rôle de l’État. Ils évoquent la nécessité pour les entrepreneurs de repenser leurs business models pour restaurer la profitabilité et restructurer les PGE. Ils imaginent des instruments facilitant le renforcement des fonds propres et prévoient une forte période d’activité sur le marché des M&A, ouvrant à des consolidations sectorielles. Dans cette période très particulière, où les conditions économiques évoluent rapidement, ils rappellent enfin la nécessité d’investir pour assurer la compétitivité de la France à l’international.
Remerciements
Nous tenons à remercier très sincèrement pour leur témoignage et leur contribution :
Héléne Bourbouloux, Administratrice Judiciaire, Associée Gérante chez FHB
Guillaume Cadioux, Délégué interministériel aux restructurations d’entreprise
Thierry Gardon, Président du Tribunal de Commerce de Lyon
Maxime Lermerle, Head Insolvency Research chez Euler Hermes
Matthieu Arnoux, Associé chez AU Group, expert en financement du poste clients
Merci également à toutes les personnes qui ont apporté leurs connaissances à la réalisation de cette étude et tout particulièrement les équipes d’EY dont notamment Karim Lasri, Anne-Sophie Bluzat, Estelle Dupont Aldiolan, Olivier de la Pontais, Mihaela Kirova et Sandrine da Cunha.
Méthodologie
Sources : les données relatives aux défaillances ont été fournies par Euler Hermes.
Périmètre :
1. Seules les entreprises qui ont fait l’objet d’un premier jugement en 2021 sont retenues. Ainsi, France Loisirs, liquidation judiciaire emblématique de l’année 2021, n’apparaît pas dans nos analyses car la société avait ouvert un redressement judiciaire antérieur à 2021.
2. Si une entreprise a ouvert plusieurs procédures collectives au cours de l’année 2021, seule la dernière procédure connue est prise en compte dans les statistiques présentées.
Définition : chaque entreprise correspond à un SIREN et donc à une entité juridique.
« L’affacturage pourra efficacement accompagner les entreprises dans leurs besoins de financement court terme »
– Matthieu Arnoux, AU Group
Le financement du poste client, un des meilleurs relais pour faire suite au PGE
Quelles solutions s’offrent aux entreprises pour gérer ou anticiper des tensions de trésorerie ?
Avec près de 700 000 entreprises concernées et 143 milliards d’euros prêtés, les PGE sont un premier dispositif auquel les entreprises peuvent souscrire jusqu’au 30 juin 2022.
Au-delà de cette aide publique, l’affacturage pourra efficacement accompagner les entreprises dans leurs besoins de financement court terme. Calé sur le poste clients, le factoring permet de monétiser sans délai la facturation. L’affacturage pourra aussi permettre un accès au cash à des entreprises fragilisées par la crise et confrontées aux réticences des banques pour leur octroyer des lignes de financement classiques comme un découvert ou un crédit de campagne, lesquelles sont directement conditionnées par la qualité du bilan.
Comment faut-il s’y prendre pour mettre en place un contrat d’affacturage ?
La compréhension par le factor du métier de l’entreprise et ses contraintes sont essentielles ! Par exemple la sous-traitance ou encore les avoirs pourront réduire l’enveloppe de financement. Consulter plusieurs factors, comparer les offres au-delà des simples aspects tarifaires et surtout anticiper l’étude en période de faible besoin de trésorerie sont des bonnes pratiques !
Les offres des factors sont à géométrie variable : domestique et export, multilocales, déconsolidantes sous réserve de la validation des commissaires aux comptes. Des contrats syndiqués sont désormais envisageables pour les ETI ou corporates avec le double avantage de donner satisfaction aux filiales d’affacturage de leurs différentes banques mais aussi mécaniquement de réduire leur lien de dépendance avec une banque en particulier en mettant plusieurs financeurs autour de la table !
Le risque d’impayé compromet-il le financement du poste clients ?
Les factors ne financent généralement que les créances garanties par un assureur crédit. Les entreprises ont le choix entre deux options. Faire couvrir leur risque crédit directement par leur factor. Mécanisme simple, avec une tarification souvent compétitive. Ou bien souscrire leur propre police. Cette approche, souvent plus onéreuse, présente néanmoins des avantages. Outre le dépôt de bilan de l’acheteur, la présomption de non-paiement est couverte. L’entreprise pourra négocier directement avec l’assureur les garanties souhaitées et obtenir par exemple des couvertures temporaires qui lui permettront d’accroître ses financements.