les enjeux de l'intelligence économique et stratégique

Les enjeux de l’intelligence économique et stratégique

Intelligence économique, IE, Intelligence économique et stratégique, « Business Intelligence » et « Competitive Intelligence », des termes qui se chevauchent et se succèdent. Ce qui est rassurant tout de même, c’est que tout le monde s’accorde encore à parler d’intelligence.

À une époque marquée par les évolutions technologiques et l’effritement des frontières, les dirigeants se voient propulsés à l’avant de nouvelles opportunités, forts du sentiment d’être devenus pleinement les maîtres de leurs ambitions. Et il est vrai qu’il est possible de voyager, d’acheter et de vendre, de s’informer et d’influer de façon quasi-instantanée. Aller au plus près des affaires, de son public et de son marché a bien redonné le goût de l’aventure à nos responsables des temps modernes. Ce sentiment est même décuplé lorsqu’en naviguant sur Internet on pense avoir trouvé l’information qui fera tout basculer, gare alors à la désinformation et à une intoxication par le virtuel. La CIA décrivait en ce sens Internet comme étant un labyrinthe du Minotaure, un lieu où tout le monde peut facilement se rendre, mais d’où il est très difficile de s’échapper.

Dans cette nouvelle ruée vers l’or, les entreprises s’exposent, car elles chassent autant de fois qu’elles sont elles-mêmes chassées. Exister et se développer dans des sphères interconnectées ne se fait pas sans risque et dans toute manoeuvre, être bien renseigné sur son environnement reste la clé à tout développement. L’intelligence économique et stratégique est alors devenue une boussole, s’articulant autour de la mise à disposition du dirigeant, d’une information incontournable à sa prise de décision.

Alain Juillet, un des pères de l’intelligence économique en France, définit l’IE comme étant « la maîtrise et la protection de l’information stratégique utile pour tout acteur économique »*. Il ne se risque pas à une segmentation injustifiée et dangereuse car l’entreprise se nourrit de toute information qui lui paraît nécessaire, même lorsque par d’autres entités, cette dernière est considérée sans valeur. Cette définition traduit alors une posture aux antipodes d’une appréciation cloisonnée tirée des textes anglo-saxons de « Competitive Intelligence »* axée sur la surveillance de la concurrence ou encore de « Business Intelligence » rivée sur l’approche de la clientèle.

L’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), précurseur en la matière, réalisera une avancée notable à la suite d’une enquête conduite entre 1998 et 2000 sur la pratique de l’intelligence économique dans les sociétés françaises. L’objectif qui était de comprendre ce que représentait cette pratique au sein des sociétés françaises a conduit à rebaptiser l’intelligence économique en « intelligence économique et stratégique »*.

En effet, dans la lignée française, la sphère s’est élargie pour considérer tout élément économique, mais aussi stratégique de première importance pour la protection du patrimoine et au développement d’une entreprise, en France et à l’étranger.

In fine, si l’on considère que l’IES est, en premier lieu, un processus de collecte, d’analyse et diffusion de l’information … sur ce terrain-là, les assureurs-crédit et autres spécialistes du crédit client en sont passés maître.

Une chose est certaine : l’information est le nerf de la guerre, la pierre angulaire !

Mais ce qui compte, c’est l’utilisation que l’on en fait pour procurer à son organisation un avantage concurrentiel décisif.

* JUILLET A., « Préface », dans Chatré, Cid, Lebrun, Comprendre l’intelligence économique, Paris, Economica, pp. 9-13.

* HARBULOT C., « Pourquoi l’intelligence économique », dans Alloin, Bariéty, Baumard, Bianchi, Bocquillon, Carayon, Caron, Clerc, Datchary, Fayol, Goldschmidt, Gueydier, Hammond, Harbulot (dir.), Harbulot, Huyghe, Janier, Jeanne-Beylot, de Jong, Lepage, de Maison Rouge, Marcilly, Mazzucchi, Moinet, Nut, Pelletier, Pouch, Racouchot, Roch, Stalla-Bourdillon, Violet-Surcouf, Manuel d’intelligence économique, Paris, Presses universitaires de France, « Collection Major », 2012, pp. 5-15.

* LEBRUN M., « De la défense économique à l’intelligence économique, une approche opératoire », dans Chatré, Cid, Lebrun, Comprendre l’intelligence économique, Paris, Economica, pp. 9-13.

 

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