Les 6200 ETI que compte notre pays réalisent plus de 30 % du chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble des entreprises. Leurs 120 000 implantations, réparties sur l’ensemble du territoire, témoignent de leur empreinte industrielle et sont assorties d’une capacité de projection internationale singulière, que ce soit via l’exportation ou l’implantation à l’étranger. Ces “champions cachés” des territoires sont en effet souvent positionnés sur des niches sur lesquelles ils exercent ou briguent un leadership à l’échelle européenne, voire internationale. Leur vision de long terme, qui les invite à privilégier une trajectoire de développement durable, anime un esprit de conquête qui les pousse à franchir les frontières hexagonales.
Suffisamment solides pour se donner les moyens de leur ambition internationale, et suffisamment agiles pour s’adapter à la diversité des marchés, elles sont un atout de premier plan pour notre force exportatrice et notre influence économique sur la scène mondiale. C’est ce qui ressort de la première édition de ce Baromètre, qui dresse un état des lieux inédit des dynamiques internationales des ETI. Notamment, l’accélération de leur présence à l’international depuis la pandémie impressionne. Elles témoignent pour ce faire tant d’une ambition – saisir les opportunités de croissance – que d’un pragmatisme – diversifier ses marchés de présence et se rapprocher de leurs clients –, qui sont l’expression d’une stratégie de développement inscrite dans le long terme et relativement résistante aux aléas conjoncturels. Ainsi, ce Baromètre traduit combien le développement des ETI pour les années à venir passe de façon privilégiée par l’international, pour peu que l’écosystème français leur permette de préserver, et plus encore d’améliorer leur compétitivité à l’international.
C’est pourquoi les ETI constituent un puissant levier de redressement de notre balance commerciale. Cet effet de levier pourrait en outre être accru si les ETI participaient davantage d’une stratégie nationale de conquête internationale. Celle-ci passe en premier lieu par la poursuite du redressement compétitif du site France : si d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années, notre écosystème de compétitivité n’est toujours pas aligné sur la moyenne européenne alors que la compétition internationale est de plus en plus acérée. Cette stratégie nationale de conquête internationale passe également par un meilleur embarquement des ETI dans les dispositifs d’accompagnement public. Elles sont en effet aujourd’hui trop peu au fait des opportunités de soutien à l’export, et comptent trop sur leurs moyens propres, alors que nul n’ignore que « chasser en meute » est clé en ce domaine. Il a notamment fait le succès du Mittelstand allemand.
Il faut donc souhaiter que ce Baromètre contribue à (re)placer les ETI au centre du jeu et à favoriser les synergies entre les différents acteurs de l’export et du développement international des entreprises françaises, afin d’unir nos forces, autour des ETI, au service du rétablissement de notre balance commerciale et plus largement de notre reconquête industrielle. L’attention portée par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à ce Baromètre est un excellent signal en ce sens.