Après deux années de croissance euphorique post covid (2021 et 2022), et une économie mondiale dopée par les aides des différents états, l’année 2023 a été celle du retour à la réalité. Non seulement il faut rembourser les dettes contractées pour sortir de la crise, mais il faut également faire face à un rattrapage des défaillances et à un retour à la normale inéluctable.
En 2024, on attend +10% de défaillances au niveau mondial (contre +7% en 2023) et une augmentation du PIB mondial qui restera faible à environ +2.3% (contre 2.7% en 2023). Ce contexte de croissance « molle » sera accompagné de marges qui resteront sous pression (avec une inflation encore élevée), et de conditions de financement qui ne s’assoupliront pas avant la 2ème moitié de l’année 2024.
Notre point d’attention principal cette année sera le risque politique pour 3 raisons :
- 2024 = Année d’élections : 60% du PIB mondial sera concerné par des élections cette année et aucune région ne sera épargnée : élection du Parlement européen, élections législatives au Royaume-Uni, élection présidentielle aux États-Unis, en Russie, ou encore en Asie (Indonésie, Inde, Corée du Sud) et en Amérique latine : Mexique, Uruguay. Certaines seront dominées par des vents nationalistes et protectionnistes et cela générera des instabilités et des chocs possibles pour les entreprises, tant sur leurs approvisionnements que dans leurs débouchés commerciaux.
- Résurgence des faits de risque politique : ces derniers mois on a pu constater l’augmentation des faits de violence politique, comme en décembre dernier en mer rouge, où une poignée de rebelles ont attaqué avec des missiles et des drones des porte-conteneurs de grands armateurs mondiaux. Nul besoin également de citer les guerres aux portes de l’Europe, ou plus récemment le gouvernement mexicain qui a soudainement préempté une usine appartenant à un grand groupe industriel français !
- Causes indirectes du risque politique : l’impact du risque politique sur les défaillances est le plus souvent indirect, mais est bien réel. Par exemple, l’application de sanctions internationales entraîne une raréfaction de l’offre de matières premières ou de l’énergie, amenant une hausse des coûts et de l’inflation, puis une compression des marges des entreprises, avec au final une potentielle situation de défaillance.
Ce trimestre on relève 2 pays dégradés significativement :
- Israël, dont le G-Grade passe de 3 à 4 : l’économie s’affaiblit dans un contexte de guerre, de hausse des taux d’intérêt et de l’inflation, comprimant le pouvoir d’achat des ménages et les marges des entreprises.
- Le Niger, dont le G-Grade se détériore passant de 8.25 à 9 : les sanctions internationales consécutives au coup d’état impactent violemment l’économie du pays.
A l’inverse on relève plusieurs reclassements de pays ce trimestre : Grèce, Albanie, Croatie, Chypre, Géorgie, Namibie et Roumanie.